La Garrotxa Moderniste

Le modernisme a laissé une marque importante à la Garrotxa. Promenez-vous dans la région tout en visitant quelques bâtiments modernistes les plus attractifs.

La région de la Garrotxa est connue pour de multiples raisons: sa nature et ses volcans, sa gastronomie et paysages, ou encore son architecture et ses édifices. C’est une région de la Vieille Catalogne, elle est donc parsemée d’églises et de chapelles de style roman. Mais le style par excellence de la Garrotxa est sans aucun doute le style moderniste. Cet itinéraire se complète avec deux autres sur la même ville: “Olot l’authentique” et “Les volcans d’Olot”. Quel que soit l’itinéraire choisi, tous nous offrent de magnifiques ballades, chacune d’elles nous permettra de voir la ville sous un aspect particulier, et nous donnera, dans l’ensemble, une vision des différents visages de la ville.
Le modernisme est un mouvement culturel européen de la fin du XIXème siècle et du début du XXème, connu également sous le nom d’Art Nouveau. Ce mouvement artistique cherche de nouvelles formes modernistes pour s’exprimer. Il est plus connu dans les domaines de l’architecture et de la peinture, mais il touche en réalité toutes les disciplines artistiques. À côté de Antoni Gaudi qui fut le plus célèbre artiste de ce mouvement, se trouvent d’autres artistes catalans de renom. Santiago Rusiñol, ou encore Ramon Casas, sont quelques exemples de grands peintres modernistes originaires de nos terres.
La Catalogne fut un des endroits d’Europe où le modernisme constructif se développa le plus. Ce style coïncida avec une reprise économique, culturelle et politique de la région, alors que l’état espagnol entrait dans une phase de décadence, bafouée par la débâcle coloniale de 1898. Le mouvement moderniste se convertit en outil de la bourgeoisie pour démontrer son pouvoir économique, son goût artistique et son patriotisme pour les terres catalanes. Le modernisme s’est ouvert à des styles nouveaux et à des couleurs alors peu ou pas utilisées. Il s’inspire de la nature et utilise habituellement les lignes courbes qui exaltent la sensualité et la beauté même de la vie.
Cet itinéraire commence à Olot. Au cours de notre ballade, nous visiterons les édifices modernistes de la ville, mais également quelques uns noucentistes, ce qui nous permettra de voir l’évolution de ce style. Après Olot, nous explorerons quelques villages de la région, qui eurent la chance d’accueillir de grandes créations sous l’impulsion des artistes modernistes. Nous vous conseillons de lire le texte qui accompagne chaque bâtiment afin d’avoir une vision et une compréhension plus fines de tous les éléments qui composent ses bâtiments. Nous verrons aussi bien des édifices modernistes de construction nouvelle, que des bâtiments réformés et restaurés selon les normes du modernisme.
Notre itinéraire commencera à l’hospice. Nous pourrons visiter le Musée de la Garrotxa. Cet espace offre une belle collection d’œuvres de peinture et de sculpture de tout style et de tout temps. Il est fortement recommandé de voir les œuvres de l’école d’Olot, celles de style moderniste et celles de style noucentiste.
En allant en direction du bourg d’Olot, nous trouverons la place de l’Àngel (place de l’ange), où se trouve la pâtisserie Ferrer qui fut depuis sa création, transmise de génération en génération. Celle-ci fut restaurée en 1907 par Alfred Paluzié. À l’intérieur de la boutique, nous trouverons des éléments d’ornementation moderniste d’exception: son plafond, une partie de son mobilier et sa décoration.
En nous approchant du quartier le plus ancien de la ville, entre la rue Carme et Tura, nous découvrirons trois édifices modernistes. La maison Pujador située à l’angle de la rue Carme et de la rue Verge del Portal, est un des bâtiments modernistes les plus caractéristiques de la ville. Il est facilement identifiable grâce à son balcon situé au premier étage et à sa tour circulaire. Il est de style éclectique avec des touches de style médiéval. Juste au devant de ce bâtiment et donnant directement à la place du Conill, se trouve Can Escubós, un édifice restauré en 1907. Typique du style moderniste, les barreaux de ses balcons sont en fer forgé. Ils sont de forme courbe et d’ornementation florale. La céramique est présente sur toutes les ouvertures de la façade.
Se promener rue Major et dans les ruelles adjacentes est un véritable plaisir pour les cinq sens. Il s’agit en effet d’un lieu où la vie commerçante est en constante ébullition. C’est un spectacle qui s’offre à nous sous forme de produits du terroir, d’artisanat et de travail de qualité dans les vitrines. Arrivés devant l’église de Sant Estève, nous trouverons la maison Gaietà Vila, une des plus belles et célèbres de la ville d’Olot. Il s’agit d’un édifice à trois façades, toutes resplendissantes de couleur, au milieu de la ville. Une des particularités, au milieu de tant d’autres, serait son imposant balcon au troisième étage fait de céramique vitrifiée de couleur verte. Ca vaut la peine de contempler un bon moment cet édifice, assis sur un des bancs du Firal ou sur les marches de l’église de Sant Estève, et de se fixer sur tous les détails de cette composition architecturale, du fer forgé des balcons au contraste des couleurs, en passant par l’ornementation présente dans le moindre recoin.
L’église de Sant Esteve est référencée depuis le Xème siècle. Elle se trouvait alors en dehors de la ville, qui était en ce temps recluse à côté du pont de Santa Magdalena. Elle a souffert de nombreuses restaurations au cours des siècles et actuellement la plus grande partie de la structure est de style baroque. Les escaliers, quant à eux, sont du début du XXème siècle.
Le Firal, officiellement appelé avenue Miquel Blay, commence de l’autre côté de la maison Gaietà Vila. Un édifice de grande importance, tant au niveau historique que pour son architecture, s’y situe. La maison Solà-Morales fut la demeure d’une illustre lignée familiale d’Olot, avec de hauts membres carlistes et de la Ligue Régionaliste. L’édifice fut restauré en 1781 par le fameux architecte italien Britlli, qui lui attribua des proportions de style baroque rural. Entre 1912 et 1916 Lluis Domenech i Montaner refit la façade et certaines dépendances, en combinant majestueusement les anciens éléments baroques aux nouvelles formes modernistes. Les éléments les plus remarquables sont les élégantes sculptures aux balcons et les merveilleux sgraffites. À côté de la maison Solà Morales, sur l’avenue Bisbe Guillamet, plus connue sous le nom du Firalet, se trouve Can Joanetes, une ancienne fabrique textile restaurée en 1994. Cet édifice est actuellement le siège de la mairie d’Olot.
Le dernier édifice moderniste que nous découvrirons dans l’ancien bourg d’Olot, se situe rue Sant Rafael. Cette maison fut construite par le médecin Jaume Gassiot Magret en 1911. Il s’agit d’une œuvre de l’architecte Alfred Palouzié et certainement l’une des plus mediatisée de celui-ci. Les arcs néogothiques et le fer forgé en forme de “coup de fouet” en sont certainement les marques les plus flagrantes.
Nous nous dirigerons à présent dans les nouveaux quartiers d’Olot qui se construisirent au début du XXème siècle, après la destruction des murailles qui empêchaient l’expansion de la ville. En sortant de l’ancien bourg en direction de Les preses, peu après la place Clara, nous trouverons l’avenue Barcelona qui conduit au quartier l’Eixample Malagrida, un projet de 1916. Dans ce cas précis, nous ne parlons pas d’un édifice particulier, bien qu’il y en ait plusieurs tout à fait spectaculaires, comme la tour Malagrida qui abrite aujourd’hui l’auberge de jeunesse d’Olot, ou encore la tour Can Gou juste à côté du Parc Nou. Manuel Malagrida était originaire d’Olot. Après voir fait fortune en Amérique avec l’industrie du tabac, il voulut construire une cité –jardin dans sa ville natale. Le projet initial fut l’œuvre de l’architecte Joan Roca i Pinet qui respecta dans une grande proportion l’idée de Malagrida. Les avenues spacieuses, les grandes places publiques, et la disposition circulaire avec les rues en rayons autour d’un même point, font l’Eixample Malagrida un quartier accommodé et tout à fait singulier. C’est un endroit parfait pour se balader. Nous pourrons également y visiter le Parc Nou situé à proximité et profiter de ses vues, et découvrir les Paratges de la Moixina, lieux de rencontres et d’inspiration pour les artistes.
Trois bâtiments du quartier de l’Eixample d’Olot offrent un arrêt particulier. Ceux-ci laissent derrière eux le modernisme et s’ouvrent au mouvement artistique suivant: le noucentisme. Dans un premier temps, une fois passés la maison Vayreda et le musée des Saints, nous trouverons la maison Masramon au numéro 6 de la rue Vayreda. Cet édifice entouré de jardins, fut construit en 1914 par Rafel Masó sous pétition de Josep Maria Masramon député de la ligue Régionaliste. Son style se situe à cheval entre le modernisme et le noucentisme. Ce dernier étant tout de même plus marqué. À proximité, dans la rue Bisbe Vilanova, nous trouverons deux autres bâtiments industriels, l’un en face de l’autre: l’usine Descals et le garage Sacrest. Tout deux sont de style noucentiste. L’ensemble est d’une beauté peu souvent présente dans ce style de construction, notamment au niveau des couleurs et des ouvertures.
Nous avons pu constater comment Olot, entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle, a su combiner sa capacité économique avec le bon gout d’une partie de la bourgeoisie, mais également les connaissances et la créativité des architectes pour créer des bâtiments d’une grandeur et beauté exceptionnelles.
Mais le modernisme va également toucher d’autres villages de la région. La vallée d’Hostoles fut dans ce sens un des épicentres du modernisme, au delà de la ville d’Olot. Dans le village de Sant Feliu de Pallerols, nous trouverons la maison Can Casas, un bâtiment du début du XXème siècle, qui fut une boutique de vente de chocolat et café, puis une pharmacie. Les céramiques peintes et le travail de menuiserie et ferronnerie sont des éléments tout à fait remarquables.
De nombreux édifices modernistes se conservent également aux Planes d’Hostoles. Un des plus significatifs est le bâtiment des écoles, inauguré en 1918. Les écoles sont encore en fonctionnement aujourd’hui. Quelques mètres plus loin sur le même côté de la route, se trouve Can Garay construit en 1906. Son jardin et sa tour recouverte de céramique vitrifiée sont les traits les plus caractéristiques de cet édifice. Au village de Les Planes, nous trouverons également la tour dels Til.lers. Cette maison est un projet de 1912 de l’architecte Enric Sagnier (1858-1931), originaire de la capitale catalane. Une de ses œuvres les plus remarquables est le Tibidabo de Barcelone. La tour de til.liers a souffert de nombreuses restaurations au cours du temps, mais elle a une histoire tout à fait singulière, en commençant par l’époque de la guerre civile et le passage du général Líster qui l’incendia dans sa fuite, jusqu’au tournage de plusieurs films.,tout recemment. Aujourd’hui, nous pouvons apprécier les traits caractéristiques du style moderniste dans ses éléments floraux et ses céramiques vitrifiées.
L’édifice le plus significatif de la vallée de Bianya est le mas La Tiba situé dans le village des Hostalets de Bianya. Cette demeure fut construite au XIVème siècle et restaurée en 1906 par Rafael Masó. Le grand jardin de style anglais, les abondants éléments décoratifs et l’utilisation massive de céramiques sont les points forts de ce bâtiment.
Nous avons, grâce au modernisme, pu nous balader dans la ville d’Olot et des villages de la Garrotxa qui eurent la chance d’accueillir la construction d’édifices à l’époque la plus florissante de l’architecture catalane. Cette étape de l’histoire locale correspondit avec la croissance économique de la région, mais également avec un sentiment régionaliste indépendantiste de plus en plus fort, des propriétaires de plus en plus ouverts aux nouvelles technologies et enfin avec des architectes incroyablement créatifs et ingénieux ayant réalisé des œuvres qui encore aujourd’hui sont sources d’inspiration et d’admiration dans le monde entier.
Le tout nous a permis d’hériter d’un patrimoine exceptionnel que nous pouvons admirer.
   
Deux ans de guerre carliste et de nombreux mois de sièges après, le 16 mars 1874, la ville d’Olot capitula et se rendit au général carliste Francesc Savalls. Celui-ci fonda le parlement de la victoire depuis la maison Solà-Morales. Dans son discours, le général félicita ses hommes, remercia Dieu pour son aide et revendiqua les fors et les libertés de Catalogne. Il termina son discours par ses mots: “ rompez les rangs et engendrez des carlistes”. Quelques années après, la maison de Solà-Morales changea complètement de style, suite à une restauration de la façade opérée par Lluis Domenech i Montaner qui y mélangea des éléments baroques avec des techniques de style moderniste.
Recommandation: Au début ou à la fin de votre excursion, visitez le musée de la Garrotxa, où vous pourrez compléter vos acquis sur le modernisme de la région et sur les sculptures au delà des simples édifices.
Nous vous recommandons également de vous fixer sur les détails en céramique qui composent la grande majorité des bâtiments que vous visiterez, ainsi que sur le contraste des couleurs. Il faut également s’attarder sur tous les détails et les sculptures de ces édifices…pouvez-vous voir l’aigle aux ailes déployées de la maison Gassiot? Ou encore le sacré cœur de Jésus sur la maison Pujador? Ou bien les céramiques aux motifs floraux présents sur la plupart?

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